Quels sont les meilleurs vins en Beaujolais?

A seulement une demi-heure de route de Lyon, le Beaujolais vous fera voyager dans le temps avec ses monuments et son architecture HISTORIQUES. La plupart des bâtiments sont construits avec une roche ocre jaune ("pierres dorées") qui donne aux villages pittoresques CHALEUR et LUMIÈRE, me rappelant la Toscane ! Côté « vins », elle est bien sûr réputée pour son Beaujolais nouveau qui a malheureusement un peu terni la réputation de son vin.

Alors laissez-moi essayer de changer cette image et de vous présenter les MEILLEURS vins du Beaujolais : le vin du Beaujolais est le « vin des copains ». Il se boit FACILEMENT, grâce au cépage Gamay léger et fruité, entre amis à tout moment de la journée.

Mais attention, le fait d'être facile à boir ne veut pas dire qu'il n'est pas qualitatif. Les meilleurs vins du Beaujolais couvrent une LARGE palette de styles : il peut être soit léger et fruité, à boire dans sa jeunesse, soit offrir plus de complexité avec le vieillissement.

Avant de se lancer, comme toute autre région, le Beaujolais propose des vins blancs, rosés et rouges. Cependant, leurs vins blancs n'excellent pas au même niveau que leur voisin de Bourgogne et, par conséquent, plus d'efforts sont mis sur les vins ROUGES.

Donner une mauvaise réputation à un chien et le pendre… ou pas ? La seconde chance du Beaujolais !

Il est de notoriété publique que le Beaujolais était plus mal aimé que le Muscadet des Trentes Glorieuses (Le muscadet avait la réputation d'être un vin simple au début du 20ème siècle).

Mais savez-vous POURQUOI ? (Si vous connaissez mon site , vous l'aurez remarqué, j'aime jeter un œil à l'histoire. Habituellement, les réponses à la plupart de nos questions s'y trouvent.)

L'histoire commence en 1395. Un cépage, dont les parents sont le Pinot Noir et le Gouais Blanc, naît et s'appelle Gamay. Cependant, ce cépage n'a pas répondu aux attentes du roi Philippe le Hardi. Il publia une ordonnance, par laquelle il ordonna l'arrachage de la Côte des Nuits à Mâcon de tous les plants de Gamay. Il accuse cette « plante vile et déloyale » de ternir la réputation des vins de Bourgogne : «Ce gamay est d'une nature telle qu'il est très nocif pour les hommes […] de nombreuses personnes qui en consommaient auparavant, ont été incommodées par des maladies graves ; car ce vin qui est fait et élaboré avec cette plante, par sa nature est plein d'une amertume très grande et insupportable […] car il dégage une odeur forte et désagréable”

Le Gamay trouve alors refuge dans une région plus au sud : le Beaujolais. Il s'épanouit sur les sols granitiques et siliceux de la région. Le Beaujolais se cantonne ainsi à la « Bourgogne lyonnaise » et le Gamay devient « le vin des ménagères » (selon le critique suisse Michel Dovaz).

Cependant, aux XVIIe et XVIIIe siècles, il y eut une concurrence bien connue entre le Mâcon et le Beaujolais. Le premier pensait avoir un vignoble plus grand et plus sain.

Le mépris du Gamay perdure.

Cependant, Lyon renverse les rôles dans le courant du XVIIe siècle. En effet, les taxes d'approvisionnement étaient quatre fois plus chères pour les vins étrangers que pour les vins du gouvernement lyonnais, dont le Beaujolais fait partie. Mâcon tentera d'inverser cette tendance et Colbert demandera même qu'elles soient levées mais rien n'a changé..

En 1642, l'ouverture de la Canal de Briare permet l'exportation des vins du Beaujolais vers Paris et un siècle plus tard, ils atteignent la région de la Loire.

Un célèbre écrivain français, Colette, avait un faible pour le Beaujolais, en particulier le Côte de Brouilly (l'un des crus que nous verrons plus loin dans cet article). Elle décrit dans un texte de 1946, la joie des vendanges à Château Thivin : «La cour couverte résonnait de voix, de roues, de pas lourds-chaussés, car les quarante vendeurs du domaine descendaient à leur repas, escrotés de leur gaillarde et vineuse odeur. J'aurais bien voulu les suivre… Notre repas froid, au rez-de-chaussée, les jambons, largement margés de saindoux, les saucissons qui fleuraient le harnais neuf et certain fromage qui "fort" qui provoque la soif et ne la laisse pas s'éteint. à tout labeur, tout honneur : en bas, quarante vendangeurs avaient la meilleure table, servie d'omelettes, de veau, de poule, de cochon, et arrosée de ce vin qui, comme les plus beaux rubis, garde claire, aux lumières, sa sanguine et franche couleur.»

En 1964, Georges Duboeuf s'installe à Romanée-Thorins et participe fortement à la restauration du Beaujolais en mettant son vin sur les tables des plus grands chefs, comme Paul Bocuse. Dans cette ville, il a fondé le Musée du Vin et du Vin en 1993.

ANECDOTE : Le point de départ devrait assurément être l'EXPOSITION du Hameau Duboeuf. Avec cette visite, à travers plusieurs animations, comme un théâtre automatisé ou un cinéma 4D (adaptés aux enfants, vous pouvez certainement faire ce parc à thème avec des enfants), vous apprendrez TOUT ce qu'il y a à savoir sur la région et le vin du Beaujolais. À la fin, vous pourrez même DÉGUSTER jusqu'à deux verres de vin. Pour compléter votre visite, déjeunez (ou dînez) au restaurant qui vous permettra de poursuivre votre dégustation tout en dégustant des spécialités locales.

Alors pourquoi ce mépris a-t-il duré ? Le gamay a une grande capacité d'adaptation. Très réactif au terroir et aux pratiques culturales, il convient aussi bien aux vins « ludiques » qu'aux millésimes de grande garde. Frais et croquants derrière des notes de fruits rouges et noirs, ces vins complexes et soyeux sont capables d'une extrême finesse.

Le Beaujolais est ainsi devenu populaire auprès de la majorité de la population et des « petits hommes ». En 1975, René Fallat, dans son ouvrage Le Beaujolais nouveau est arrivé (expression d'ailleurs qui restera gravée dans le marbre pour les générations à venir) décrit la France des « petits gens », hésitant entre la préservation de ses traditions et la modernité.

Pourtant, tout est bien qui finit bien car le Gamay est très vite adopté par le Val de Loire et les Alpes françaises (après l'épisode phylloxérique de 1860.), avant de gagner l'Ardèche, Gaillac, puis l'Italie, la Nouvelle-Zélande, la Suisse, l'Allemagne et Hongrie…

Parlons climat, sol et cépage

Comme dit en introduction, les 22 000 ha du vignoble beaujolais se situent au sud du Mâconnais. Cette région est protégée des vents (souvent porteurs de pluie) par les collines à l'ouest. Les étés sont chauds et les hivers frais, ce qui en fait un climat tempéré aux influences continentales.

Le climat du Beaujolais est idéal pour son cépage star : le GAMAY ! Ce dernier produit des vins aux arômes de fruits rouges, et notamment de framboise ou de cerise, qui peuvent être peu à moyennement tanniques. La complexité de la vinification dans cette région réside dans la conduite du vignoble. Afin de concentrer les arômes, le vigneron doit limiter son rendement. C'est pourquoi les meilleurs vins proviennent généralement de sols granitiques PAUVRES.

En matière de vinification, la macération carbonique (technique inventée en Languedoc) est souvent utilisée. Ce procédé permet l'extraction de la couleur et non des tanins. Les vins sont ronds et fruités (avec des notes de kirsch, de banane, de chewing-gum et d'épices).

Qu'est-ce que la macération carbonique ? Les grappes entières sont jetées dans la cuve, purgée au dioxyde de carbone pour éliminer l'oxygène. La fermentation intracellulaire a alors lieu. Lorsque les baies atteignent 2% d'alcool, celles-ci éclatent puis libèrent le jus. Ces baies sont ensuite pressées, autrement dit le jus est séparé des pellicules. La fermentation se termine grâce aux levures (souvent indigènes)

Une macération semi-carbonique peut également être utilisée. Ce procédé permet une meilleure intégration des arômes issus de la fermentation intracellulaire avec ceux propres au cépage et produit des vins au caractère plus frais et fruité. Le processus est similaire à la macération carbonique sauf que les cuves ne sont pas purgées au dioxyde de carbone. Les baies du fond sont écrasés sous le poids des fruits et libèrent du jus. Les levures indigènes peuvent commencer leur travail, ce qui libère du dioxyde de carbone. et les baies restées intactes entament une macération carbonique.

Le CHARDONNAY est le SEUL autre cépage, à l'époque en tout cas, de l'AOC Beaujolais. Il représente 5% de la production de la région. Les petites baies de Chardonnay se dégustent sur ces terroirs de marne et de calcaire, ce qui leur confère des arômes d'agrumes de pêche, ainsi que des notes vanillées.

Quels sont les crus du Beaujolais ?

Comme toute autre région française, il existe une HIÉRARCHIE dans les appellations. Géographiquement, l'appellation Beaujolais concerne l'est et le sud de la région proche de la Saône. Pour le Beaujolais nouveau, dont nous parlerons plus loin, les raisins proviennent de cette région.

Dans la partie Nord et Ouest de la région, on trouvera trente-neuf villages qui constituent les « VILLAGES Beaujolais » et dix d'entre eux ont leurs propres appellations. On les appelle les « CRUS du Beaujolais » : Saint-Amour, Juliénas, Chénas, Moulin-à-Vent, Fleurie, Chiroubles, Morgon, Côtes de Brouilly, Regnié et Brouilly.

BROUILLY est le plus grand. Avec ses sols de granit rose, il donne des vins équilibrés, souples et gourmands, comme Regnié ou FLEURIE. Ce dernier fait partie des STARS des Crus du Beaujolais. Jeune, on retrouve quelques petits fruits rouges et des notes florales. Avec l'âge, il gagne en complexité avec des notes épicées.

CÔTE DE BROUILLY est un vignoble escarpé composé de roches volcaniques bleues. Les vins qui y sont produits bénéficient d'une belle FINESSE aux arômes de cerise noire.

MORGON est le plus grand après Brouilly. La plus célèbre : la Côte de Py, qui est aussi sur des roches volcaniques. Cependant, le sol de Morgon est en grande majorité des sols cristallins qui virent au rouge (surnom : "terres pourries"). Cette teinte de rouge est due à une altération avancée des schistes et des anciennes terres éruptives bleu-vert qui produisent aujourd'hui des vins complexes et STRUCTURÉS. Les vins de Morgon sont les plus « bourguignons » des vins du Beaujolais.

CHIROUBLES est le plus élevé des Crus du Beaujolais. Ses vins sont fins avec des notes florales et fruitées

MOULIN-à-VENT tient son nom du moulin à vent sur le dôme de granit. Ils peuvent se garder plusieurs années, comme les vins de CHENAS, dont les tanins peuvent même sembler rustiques dans leur jeunesse.

JULIENAS doit son nom au célèbre Jules César. Cette appellation possède une grande variété de sols et est la moins granitique de tous les Crus. Comme son "père", il produit un vin charpenté qu'il vaut mieux laisser vieillir.

Last but not least : SAINT-AMOUR, qui possède également des sols hétérogènes, produit des vins légers et gourmands à des vins plus puissants et structurés.

L'essentiel de la production provient de quatre de ces villages : Brouilly, Morgon, Fleurie et Moulin-à-vent. Fleurie et Brouilly fourniront des vins légers et parfumés tandis que Morgon et Moulin-à-Vent fourniront des vins plus structurés. Ces derniers vieillissent bien en bouteille et se complexifient avec l'âge.

ANECDOTE : Laissez-moi vous donner un moyen mnémotechnique pour mémoriser tous les Crus :

En anglais : "Saint Julia Childs Makes Fine Coffee Mornings Regularly Before Breakfast” OU "Some Japanese Canadians Marry French Canadians Making Really Beautiful Children » OU «Sweet Juice of Cherry Color Makes Fine Memories Regarding Beaujolais Crus”

En français : "Unelors je cherche mon Frère chez mest un cépage respectable cousine Berthe » avec A pour Saint-Unemour, J pour Juliénas, C pour Chiroubles, M pour Moulin-à-Vent, F pour Fleurie, C pour Chénas, M pour Morgon, R pour Regnié, C pour Côtes-de-Brouilly et B pour Brouilly.

Beaujolais nouveau

Chaque année, le troisième jeudi du mois, la région célèbre le Beaujolais nouveau. Mais d'où vient cette tradition ? Le 11 mars 1951, un nouveau règlement impose qu'aucun vin ne soit vendu avant le 15 décembre de la même année. Cette nouvelle réglementation ne plait pas aux vignerons qui demandent à vendre leur vin avant. Cette demande est acceptée le 13 novembre 1951. En 1967, la nouvelle réglementation stipule que le vin peut être vendu à partir du 15 novembre. Cependant, pour des raisons administratives - le 15 novembre étant parfois un dimanche -, est remplacé en 1985 par le troisième jeudi de novembre.

Le Beaujolais Nouveau est un vin « primeur », c'est-à-dire qu'il faut le boire l'année suivante. On entend souvent dire que le Beaujolais Nouveau a une odeur de banane… On a souvent dit que cela était dû à une levure exogène, appelée 71B, utilisée pour aider au démarrage de la fermentation alcoolique. Cependant, ce n'est pas tout à fait vrai…

Ces arômes sont dus à la macération carbonique dont nous parlions plus haut !

Parce qu'un vigneron est aussi chimiste chez nous, creusons un peu plus… Cette technique, dans certaines conditions de température, créerait une ester, appelé acétate d'isoamyle. L'arôme de la banane n'est donc pas toujours LE témoin d'un Beaujolais nouveau, mais peut simplement être le témoin d'une macération carbonique (communément appelée « carbo » par les vignerons)

Cependant, certains vignerons ont cessé d'utiliser cette levure et le Beaujolais Nouveau a retrouvé ses arômes de raisin : à vous de me dire novembre prochain !

Dans l'ensemble, le Beaujolais a beaucoup à offrir, à part le Beaujolais Nouveau. Ayant souffert de cette réputation, ces vins élégants ne sont pas chers mais très qualitatifs et peuvent se garder plusieurs années. Alors si vous cherchez des vacances à petit budget, le Beaujolais est le choix ultime ! Ses nombreux secrets sont encore à (re)découvrir. Quand j'ai commencé le vin, j'avais des doutes, mais pour y être allé, les vins du Beaujolais ont définitivement trouvé une place dans ma cave ! C'est aussi le meilleur vin à boire par temps chaud, mettez-le au frigo une heure ou deux avant et vous pourrez déguster un vin rouge et rafraîchissant sur votre balcon !

Un dernier conseil : si vous êtes, comme moi, amateur de wine tours organisés, je vous conseille celui-ci celle-ci: cela commence par la visite du célèbre (et beau) Château de PIZAY. Là, vous pourrez en apprendre plus sur la vinification et l'importance du sol, ce qu'on appelle en France : « l'effet terroir ». Profitez de cette route des vins, à travers ses vins et ses paysages (le Beaujolais est souvent comparé à la TOSCANE), dégustez près d'une vingtaine de vins (à un prix vraiment juste, ce qui n'est pas toujours le cas). À la fin, vous obtiendrez même votre premier DIPLÔME ! Si vous êtes intéressé, cliquez simplement ici.